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[cinéphilie :] Lucien Jean-Baptiste

25 Mar

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Lucien Jean-Baptiste (réalisateur, comédien) était récemment à Strasbourg pour présenter son film La première étoile (sortie le 25 mars). L’histoire d’un glandeur fauché obligé de tenir une promesse faite à la légère : emmener sa famille aux sports d’hiver. Une projet qui suscite moult commentaires amusés ou incrédules dans son entourage : « des Noirs au ski ? » ou « mais ça coûte trop cher! ».
Nous parlerons du film dans la prochaine émission de CUT la radio, en attendant Lucien Jean-Baptiste nous livre ses souvenirs et impressions des films suivants – et parce que l’affiche de La première étoile fait immanquablement penser à celle de Rasta Rocket, c’est par ce film-là qu’on commence…

Rasta rocket

John Turteltaub

Ouhla, je ne trouve pas mes mots… C’était un grand moment Rasta Rocket, j’ai pleuré à la fin. Je suis parti – en regardant ça – en me disant « mais c’est quoi ce truc Disney ? », un peu comme ça. Et puis je me suis dit « mais ils ont tout compris ! » : il n’y a pas de vedette, c’est joyeux, mais en même temps profond… Si mon film peut avoir une aventure un petit peu similaire à celle de Rasta Rocket, pourquoi pas. Pourquoi pas, mais ce ne sont pas les mêmes films. Si tous les films où il y a des Noirs à la neige ont se dit… Parce que mon film, c’est aussi Les bronzés, c’est aussi tellement de choses… Mais Rasta Rocket, non c’était bien… Mon film va exister aussi je pense grâce à Rasta Rocket. Voilà.

Alexandre le bienheureux

Yves Robert

Waouh ! C’était avec Noiret ça ! Le jeu de Noiret, ouais. Ouais, ouais. Et puis Yves Robert. Je crois que j’ai découvert ce réalisateur… Enfin, il en avait fait d’autres avant, mais je ne pensais pas que c’était lui qui avait fait ce film-ci. Quand je l’ai appris, je me suis dit « ah ouais d’accord ! Le mec, il peut vraiment faire des choses assez impressionnantes et diverses ». Mais je me souviens de Noiret vraiment : il est marquant dans tous les rôles, mais celui-ci… Et puis voilà : le message, quoi ! Fuck the world !

The Big Lebowski

Joel et Ethan Cohen

Alors The big Lebowski, j’avoue : j’ai piqué dans The big Lebowski la tenue de Turturro quand il va jouer au bowling. Mon personnage, Jojo, je voulais qu’il ait une tenue à la Turturro dans The big Lebowski. Je ne peux pas vous dire plus pour vous dire à quel point j’ai aimé ce film.

Aide-toi et le ciel t’aidera

François Dupeyron

Ah ça, c’est son imaginaire à lui, c’est… Pour moi, ce sont des raccourcis. C’est un très beau film, hein, qui est très bien joué. Mais c’est un peu trop frontal, c’est l’Afrique dans les HLM : j’ai déjà tellement vu ça. Il a voulu mettre un peu de poésie par moments, avec Claude Rich, tout ça, mais… Mais il faut aller le voir ! Mais pour moi, c’est trop frontal, c’est sa vision à lui de l’Afrique dans les HLM… Je n’ai rien appris. Rien.

Le voleur de bicyclette

Vittorio De Sica

Oh ! C’est, c’est, c’est… C’est tout ce que j’aime au cinéma… C’est Ken Loach avant l’heure, c’est tout ce que j’aime. Je voudrais faire un Voleur de bicyclette, mais pour l’instant je suis encore un peu dans la comédie. J’espère qu’un jour, on me laissera la chance de faire un film comme ça, ou comme Ken Loach. Un film VRAI. Parce qu’il y a des jours où on n’a pas envie de rigoler. Mais on a envie de partager. Et c’est ça qui est dingue, c’est que les mecs arrivent à faire des films durs, mais dans lesquels on plonge avec… C’est bizarre : avec bonheur… Je ne sais pas si c’est le mot, bonheur… On est complètement sensible, mis à nu… On est nu devant des films d’une telle beauté, d’une telle force. Ah Le voleur de bicyclette : rien que d’y penser, je fondrais en larmes et en même temps je suis en colère… Parce que c’est dégueulasse. Et puis c’est comme ça. Enfin voilà… Ouéééé ! Retrouvons un peu de joie !

Ocean’s Eleven

Steven Soderbergh

Je l’ai doublé. J’ai fait Don Cheadle dedans… C’est assez sympa. Il y a une scène que j’ai vraiment adorée -j’espère que c’est dans Ocean’s eleven… Attends… C’est là-dedans que, comment il s’appelle ? Nescafé ? (NDLR : George Clooney, donc) George Clooney fait un numéro de séduction à Julia Roberts pour lui prendre des clefs, ou quelque chose, dans la poche ?… Bref ! Très bon film. J’aime bien ces films un peu à l’ancienne : des bandes de mecs super virils, qui sont super forts tout le temps, c’est des super héros un peu justiciers… Non non, très très bien : le jeu, les partitions que les mecs ont donné, formidable. Mais oui : je double Don Cheadle en français, là-dedans. Voilà.

Irréversible

Gaspar Noé

Ah j’adore. Eh ! Alors ça ! Rah, c’est dur parce que ce film, il y a eu beaucoup de polémiques, mais il ne fallait surtout pas partir au bout des cinq premières minutes ! Il faut rester jusqu’au bout c’est ça qui est terrible. J’ai adoré ce film. Moi, j’aime les films forts, les films qui… En littérature, j’aime des mecs comme Hubert Selby, Fante, tout ça… Alors c’est marrant parce que mon premier film est une comédie sympa – mais en même temps profonde… Mais moi, j’aime les histoires trashs, les films comme Bad lieutenant où les gens se cassent la gueule. C’est ça qui m’intéresse parce qu’on est tous sur un fil… Quand tu vois un mec rentrer dans le mur, pendant toute l’heure, t’es là : « Non ! N’y va pas, n’y va pas ! ». Et boum, bing, beng, bang… Et Irréversible, c’est ça, mais dans l’autre sens : tu vois le mec se casser la gueule et tu vois le parcours… Vous voyez, ça m’emmène loin… Non, Irréversible : waouh, super ! C’est tellement dur et après, pfffiou, il y a un vrai bol d’air. C’est vrai que les gens quittaient la salle, mais il aurait dû vraiment les prévenir encore plus, leur dire « tenez bon ». Pour une fois on va dans le bon sens.

Propos recueillis par Jenny Ulrich