Journal d’un CUTien au FEFFS (saison 4, ép.5)

17 Sep

Melancholia ?

Ce vendredi, je suis particulièrement heureux de regagner les salles obscures. Depuis la veille, The Woman occupe toutes mes pensées. Je dois poursuivre mon festival et revenir à une saine cinéphagie.

Miguel Angel Vivas revient présenter Secuestrados à la séance de 16 heures. Il est toujours surprenant d’imaginer que ce sont les cinéastes les plus sympathiques qui commettent les films les plus outranciers et horribles. Kidnapped (titre anglais révélateur) doit se vivre comme une expérience en apnée. Douze plans séquences composent le long métrage qui parvient aisément à son but, malgré quelques petites faiblesses d’écriture. C’est anxiogène et écrasant. Parfait en somme.

A 18 heures, j’opte pour Cosa avete fatto a Solange ? dans la rétrospective Edgar Wallace. Malgré une copie un peu passée et des sous titres électroniques très aléatoires, ce giallo se révèle très séduisant. Entièrement tourné à Londres, on peut y suivre Fabio Testi (au look et à l’accent improbable), professeur d’italien traquant un criminel dans son pensionnat de jeunes filles en fleurs et allergiques au soutif. Dallamano et Morricone ne ménagent pas leurs effets, et me font regretter de ne pas pouvoir découvrir d’autres croisements du giallo et du krimi cette semaine. Un léger retard de programmation m’oblige à différer le diner.

Je souhaite donner sa chance à Hideaways (et vous noterez que j’ai pris le parti de voir tous les films en compétition), et ce malgré le souvenir pénible de Dorothy, précédent film d’Agnès Merlet. Son nouvel opus ne fait pas illusion longtemps. La cinéaste s’emploie à massacrer toutes les pistes de son récit. Qu’il s’agisse de merveilleux, de romantisme, ou d’horreur, rien ne fonctionne.  Merlet esquisse quand il faudrait appuyer et s’attarde quand il faudrait avancer. En ce qui me concerne, je lui décerne de bon cœur la palme de la maladresse chronique.

Je quitte la salle avec un peu d’avance pour manger sur le pouce, en déambulant aux alentours du village fantastique. Je croise David Scherer, qui soupçonne Miguel Angel Vivas de plagier Gaspar Noé. Les spécialistes en effet spéciaux restent de toute évidence attachés aux coups d’extincteur brevetés dans l’Hexagone. Je lui promets de rester à minuit pour The Theater Bizarre dont il est l’un des artisans.

Les batteries rechargées et l’estomac plein, je fonce à la présentation de Take Shelter (en photo) dont j’attends beaucoup (trop, sans doute). Le film a gagné le prix de la semaine de la critique à Cannes et le grand prix du jury de Deauville. Si Michael Shannon a tout d’un grand, je dois avouer que j’ai trouvé l’œuvre quelque peu usante. Cette lente plongée dans la schizophrénie naissante d’un personnage se vit comme un relatif calvaire. La révélation finale est ainsi accueillie comme une véritable délivrance, pour le protagoniste comme pour l’auteur de ces lignes.

Il est près de minuit et demi quand nous plongeons une dernière fois dans nos sièges pour The Theater Bizarre, film à sketchs judicieux mais forcément inégal. C’est toutefois un choix de programmation idéal pour clore cette journée.

On peut lutter contre le sommeil, se laisser absorber cinq minutes, et oublier un segment plus faible. Demain, il faudra faire le plein de caféine puisque les organisateurs nous ont programmé une séance à deux heures du matin.

Greg Lauert

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