// THE BOX – Richard Kelly //
DSK peut piloter une femme depuis chez lui. Impressionnant.
Un homme gravement défiguré transporte une boite mystérieuse de porte en porte, de famille en famille. Celui qui appuie sur le bouton ornant la mystérieuse boite gagne un million de dollars. Le geste provoquera toutefois la mort d’une personne inconnue en un lieu inconnu. Sur ce postulat moral, Richard Matheson écrit une amusante nouvelle de science fiction. Le jeune cinéaste surdoué Richard Kelly exploite de manière inespérée le potentiel d’un tel synopsis.
La jeunesse du réalisateur, en l’état, pouvait apparaitre comme un obstacle. La tendance de la nouvelle génération à la surenchère visuelle et au cynisme délirant aurait pu sacrifier la candeur et la force simple de la nouvelle. Mais Kelly surprend : son film est étonnamment mature, old school, classique et brillant.
Le fait de replacer l’histoire dans les années 70 était une orientation risquée. Il fallait toutefois user de ce stratagème pour capitaliser sur une imagerie à la fois désuète et intemporelle. Les personnages évoluent dans le fantasme de la conquête de l’espace, dans la proximité des récits de science fiction, dans un univers simple, presque affranchi au niveau domestique de toute technologie. Le cadre ne manquera pas de rappeler les meilleurs épisodes de Twilight Zone. Le réalisateur en est conscient. Il assume pleinement, s’appuie sur la musique, les tons, un montage lent et une grande lisibilité. Il met en avant ses personnages.
The Box n’est pas un accessoire, un film hommage. C’est un long métrage, qui voudrait interroger son spectateur sur la responsabilité de chaque acte. Un geste anodin permet de devenir millionnaire, et tue insidieusement. L’humanité est mise à l’épreuve. Les personnages pourront ils vivre avec un geste dont ils mesurent progressivement les conséquences ? Le cinéaste ne badine pas avec son thème. Il tend vers le tragique, penche vers le mélodrame. Il décrit un engrenage infernal, et n’en masque pas l’issue malheureuse. On pourrait craindre l’association d’une grande problématique avec une imagerie aussi datée. Le nanar n’est jamais loin. Le film évolue sur un fil ténu. Il est souvent proche de basculer vers un risible ratage. Il est sauvé par la foi de Richard Kelly. Ce dernier met chaque plan en scène comme s’il s’agissait du dernier, avec une conviction inébranlable.
L’amour du cinéma qui transpire de cette œuvre va au-delà de la référence stérile. C’est l’amour d’une grande histoire, d’une passion contrariée, de la peur, de l’horreur et de l’angoisse en scope et en 24 images par seconde.
Greg Lauert
A savoir : la nouvelle originale, Button Button, avait déjà été porté sur le petit écran dans le cadre d’un épisode de La quatrième dimension.
THE BOX de Richard Kelly // 2009 // 115 minutes // 2.35 : 1 // Avec Cameron Diaz, James Mardsen, Franck Langella, James Rebhorn, Holmes Osborne.
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