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[dvd:] LE FILS UNIQUE – Yasujiro Ozu

1 Nov
Ed. Carlotta

Ed. Carlotta. En Blu-ray et DVD

Dans le Japon en crise des années 1930, une veuve (Chôko Iida) se sacrifie pour offrir des études à son fils (Shin’ichi Himori). Les années passent. Alors qu’il donne des cours du soir et vit pauvrement à Tokyo, le jeune homme reçoit sa mère pour un court séjour.

Tout tient dans ce scénario minimaliste, car Le Fils unique (1936) est un film sur la relation parent-enfant, au cœur d’une culture nippone qui place le lien familial au centre de la vie sociale. Ce qu’apporte Ozu dans cette œuvre intime, c’est une douceur crue et réaliste, une élégance désenchantée. A cheval sur les années 1920 et 1930, son long métrage montre que les lumières de la ville sont souvent des mirages pour les exilés de la campagne. Il s’attelle aussi à illustrer le fossé des générations, qui déjà signe la modernité des temps. Une mère, prête à vendre tout ce qu’elle possède pour assurer un avenir à son fils, comprend que celui-ci est moins marqué par la dévotion, plus prompt à baisser les bras. Ozu ne donne pas de leçon de morale, il se veut plus documentaire. Lire la suite

[dvd :] LE COMMANDO DES MORTS-VIVANTS – Ken Wiederhorn

13 Jan
ed. Bach Films

ed. Bach Films

Oh la jolie jaquette que voilà. Elle date de l’époque où le Commando des morts-vivants (Shock Waves en VO, 1977) sortait en VHS, mais elle n’a pas pris une ride. Ce qui bien sûr en fait toujours beaucoup trop, les morts-vivants du film étant nettement moins parcheminés. Moins grands aussi. « Plongez dans l’horreur » nous suggère l’avenante devanture, d’où les noms jadis vendeurs de John Carradine et Brooke Adams ont été effacés au profit du seul Peter Chushing.

Alors on plonge.

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[à l’affiche:] LE QUAI DES BRUMES – Marcel Carné

31 Oct

Carlotta Films

Le film de Marcel Carné, avec Michel Morgan et Jean Gabin ressort, en salles et en dvd, dans une version restaurée de grande qualité. Que demande-t-on à une restauration ? A peu de choses près la même chose au cinéma qu’en peinture. D’un tableau noirci, au vernis craquelé, doit surgir une œuvre lumineuse, une seconde naissance. Le travail effectué sur le négatif rayé, perforé, taché est à la hauteur des attentes. Sans compter que tous les bruits sur la bande son (les chuintements, un écho étrange et des déséquilibres de volumes) ont été corrigés.

Le Quai des brumes se voit aujourd’hui comme les spectateurs l’ont vu en 1938, avant qu’il ne soit interdit une fois la Seconde Guerre mondiale déclarée. Les mésaventures d’un soldat déserteur dans un décor portuaire sombre, victime d’une histoire de moralité douteuse, avait de quoi inquiéter la censure. Pas question de montrer une société soi-disant pervertie et des militaires défaitistes.

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[dvd :] WHAT PRICE HOLLYWOOD ? – George Cukor

17 Sep

ed. Montparnasse

Mary Evans (Constance Bennett) est jolie, elle a de l’allure, elle vit à Los Angeles et sert des cafés en rêvant  de faire du cinéma… comme tout le monde dans ce film d’ailleurs. Mais son rêve, elle n’entend pas le réaliser n’importe comment : une brève scène la montre ainsi en train d’éconduire un véreux-vicelard prêt à tirer profit des charmes des demoiselles naïves sous de fallacieuses promesses. Mary préfère patienter.

Et elle a bien raison puisque sa chance ne tarde pas à tourner. Un soir d’avant-première, un grand réalisateur (Lowell Sherman, très bien) échoue, ivre, dans son restaurant. Il lui ouvrira les portes d’Hollywood et Mary, après un premier essai catastrophique, réussira à s’imposer à force de travail et de volonté. Tout ça sans coucher.

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[dvd :] QUELS SERONT LES CINQ ? – John Farrow

11 Sep

Ed. Montparnasse

Un avion avec douze passagers et hommes d’équipage à son bord se crashe dans la jungle amazonienne, sur le territoire des réducteurs de têtes. Les rescapés doivent organiser la survie pendant que les pilotes réparent l’appareil, avec la menace constante d’une attaque des indigènes. Mais l’avion, trop endommagé, ne pourra emporter que cinq d’entre eux…

Prototype (?) du film de crash aérien qui connaîtra de belles heures durant les années 70 (la série des Airport), Quels seront les cinq ? se paie le luxe de poser les fondements du genre tout en en évitant les scories. Comme dans tout bon film catastrophe, il aura donc trois parties : la présentation des personnages, la catastrophe (ici, le crash) et la gestion d’une situation de crise par des protagonistes variablement combatifs et solidaires.

Dalton Trumbo, l’homme derrière Johnny s’en va-t-en guerre – le roman et le film, à l’époque pas encore honni par Hollywood, participe à l’élaboration du scénario et on peut parier qu’il n’est pas étranger à la relative subtilité (on reste dans une série B d’aventures) que l’on trouve dans la psychologie des personnages et la progression de l’intrigue. Il n’est pas question que de survie ici, mais également de morale. Sur quels critères décide-t-on de qui doit survivre quand tous ne sont pas prêts à se sacrifier ?

S’il y a des facilités (on en fait mourir en cours de route quelques-uns des plus sympas pour faciliter le choix final), l’interaction entre les personnages (le flic alcoolique et lâche, le wonder-boy, les pilotes capitaines-courageux, la femme aux mœurs légères, l’anarchiste condamné à mort, le vieux couple…) et la manière dont ils se redéfinissent au gré de l’intrigue constituent le gros point fort du film. Les personnages sont tous archétypaux, mais réussissent pour la plupart à être autre chose que des clichés. Les réducteurs de têtes, menace invisible, apportent le complément d’énergie dont le scénario avait besoin. Ça urge, il faut repartir !

On sent le budget dérisoire (c’est particulièrement flagrant sur la scène de crash, traité sur un mode ultra-minimaliste) mais le réalisateur John Farrow sait en faire le meilleur usage. Un plaisir de série B à l’ancienne, donc, efficace et pas exempte d’une certaine réflexion.

Mathias Ulrich

[dvd :] THE HALF NAKED TRUTH – Gregory La Cava

10 Sep

Ed. Montparnasse

Bateleur plein de bagout et d’ambition, Jimmy Bates débarque à New York en compagnie de sa protégée Teresita, petite chanteuse de foire qui rêve des feux de la rampe. Avec un culot monumental, il réussit à la vendre à la presse comme une princesse turque venue présenter un spectacle inédit…

Petite comédie trépidante (77 minutes sur les chapeaux de roues), The half naked truth est également une de ces séances de rattrapage cinéphilique que le DVD nous offre à rythme constant. Les noms au générique n’inspireront probablement rien à la plupart d’entre nous. Et pourtant, et pourtant… Grâce à son sens du rythme, Gregory La Cava fut considéré en son temps comme l’un des maîtres de la comédie américaine. Paraît-il aussi impulsif, arrogant et rigolard à la vie qu’à l’écran, le comédien Lee Tracy connut lui aussi son heure de gloire entre la fin des années 1920 et le début des années 1930. Sa partenaire Lupe velez, si elle a davantage marqué par sa vie romantique houleuse et un suicide très médiatisé, n’en fut pas moins l’une des très rares actrices mexicaines à faire son trou dans le Hollywood des premières années…

À l’écran, ce tiercé-là fait plutôt du bon boulot. Le film a le charme des comédies pré-code Hays. Cette courte période de liberté de ton et de mœurs celluloïdés d’avant qu’Hollywood devienne moralisateur et cul-béni. Avec Lee Tracy, c’est l’éternelle revanche de la gouaille populeuse contre le système qui est en marche. Son abattage et son aplomb forcent le respect. Broadway sera finalement trop flashy et superficiel pour lui et ses camarades. Trop étriqué pour qu’on puisse y évoluer en s’amusant réellement. La victoire du goût de l’aventure et du plaisir dans le moment présent sur le fric et la réussite sociale…

Mathias Ulrich

[dvd :] ERICH VON STROHEIM MYSTÉRIEUX

28 Juil

Éd. Artus films

Erich von Stroheim, le cinéaste intransigeant, scandaleux et dépensier des Rapaces et de Folies de femmes, « l’homme que vous aimerez haïr » des studios hollywoodiens, stoppe sa carrière de réalisateur au début des années 1930. Le parlant ne le convainc pas et il en a assez de se battre pour imposer sa vision d’auteur en avance sur son temps. Il devient acteur, mais pour l’Amérique son emploi ne change pas. Il est et restera l’homme que vous aimerez haïr. Le coffret DVD concocté par Artus – contenant quatre films tournés entre 1929 et 1946 – le présente invariablement dans le même rôle d’arrogant détestable éternellement malheureux en amour du fait de son caractère exécrable.

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[dvd :] World Cinema Foundation – Martin Scorsese

27 Avr

Ed. Carlotta

En 1990, Martin Scorsese, en compagnie, entre autres, de Steven Spielberg, Stanley Kubrick, Sydney Pollack et George Lucas, créait la Film Foundation, chargée de préserver des perles du cinéma américain menacées par l’usure du temps. En 2007, le génial cinéaste, a décidé de faire bénéficier au cinéma du monde entier de sa cinéphilie compulsive. Ainsi naissait la World Cinema Foundation, destinée à restaurer et à montrer au plus grands nombre des films méconnus issus de cinématographies moins exposées.

Après des présentations dans le cadre de Cannes Classic, quatre titres, très différents les uns des autres, de ce répertoire sortent pour la première fois en DVD, chez Carlotta.

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