Ed. Montparnasse
Un avion avec douze passagers et hommes d’équipage à son bord se crashe dans la jungle amazonienne, sur le territoire des réducteurs de têtes. Les rescapés doivent organiser la survie pendant que les pilotes réparent l’appareil, avec la menace constante d’une attaque des indigènes. Mais l’avion, trop endommagé, ne pourra emporter que cinq d’entre eux…
Prototype (?) du film de crash aérien qui connaîtra de belles heures durant les années 70 (la série des Airport), Quels seront les cinq ? se paie le luxe de poser les fondements du genre tout en en évitant les scories. Comme dans tout bon film catastrophe, il aura donc trois parties : la présentation des personnages, la catastrophe (ici, le crash) et la gestion d’une situation de crise par des protagonistes variablement combatifs et solidaires.
Dalton Trumbo, l’homme derrière Johnny s’en va-t-en guerre – le roman et le film, à l’époque pas encore honni par Hollywood, participe à l’élaboration du scénario et on peut parier qu’il n’est pas étranger à la relative subtilité (on reste dans une série B d’aventures) que l’on trouve dans la psychologie des personnages et la progression de l’intrigue. Il n’est pas question que de survie ici, mais également de morale. Sur quels critères décide-t-on de qui doit survivre quand tous ne sont pas prêts à se sacrifier ?
S’il y a des facilités (on en fait mourir en cours de route quelques-uns des plus sympas pour faciliter le choix final), l’interaction entre les personnages (le flic alcoolique et lâche, le wonder-boy, les pilotes capitaines-courageux, la femme aux mœurs légères, l’anarchiste condamné à mort, le vieux couple…) et la manière dont ils se redéfinissent au gré de l’intrigue constituent le gros point fort du film. Les personnages sont tous archétypaux, mais réussissent pour la plupart à être autre chose que des clichés. Les réducteurs de têtes, menace invisible, apportent le complément d’énergie dont le scénario avait besoin. Ça urge, il faut repartir !
On sent le budget dérisoire (c’est particulièrement flagrant sur la scène de crash, traité sur un mode ultra-minimaliste) mais le réalisateur John Farrow sait en faire le meilleur usage. Un plaisir de série B à l’ancienne, donc, efficace et pas exempte d’une certaine réflexion.
Mathias Ulrich
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