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[dvd :] HPG, par où t’es rentré ?

10 Mai
Ed. Capricci

Ed. Capricci

« Baisse la bite, baisse la bite ! Ouvre la bouche, ouvre la bouche ! » Chattes halls de gare et bites TGV : passion torride d’étalage et de poissons morts, Èves aux simulations poisseuses contorsionnées par le désir brûlant d’un réparateur de câble, accompagnés de bruitages et de trucages digne d’un spectacle de fin d’année de maternelle bâclé, le tout illuminé par des dialogues et des scénarios à la sensualité d’un plein à la station service. Action et crépitements des flashs, paillettes et faux sperme, Truffaut et Godard peuvent aller se rhabiller HPG et son slip sont dans la place.

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[blu-ray :] MASKS – Andreas Marschall

2 Avr
Ed. Filmédia

Ed. Filmédia

On voit depuis quelque temps que l’influence souterraine du giallo, thriller horrifique italien, irrigue des œuvres aussi diverses qu’Amer ou Berberian Sound Studio. Son aura se fait donc sentir en Belgique et en Angleterre, mais aussi en Allemagne, Andreas Marschall en est la preuve.

A priori, beaucoup de choses pouvaient faire peur à l’idée de découvrir un néo-giallo teuton. Et les premières minutes du film ne font que confirmer nos craintes : une introduction se déroulant dans les années 70 filmée « façon Grindhouse », c’est-à-dire une pellicule griffée par de multiples rayures. Cet effet tarte à la crème, qui se multiplie paradoxalement sur des films tournés en HD, n’est pas des plus heureux.

Pourtant, cette faute de goût et une entrée en matière plutôt poussive ne sont pas représentatives du reste du film. Andreas Marschall, ancien réalisateur de clips et illustrateur de pochettes de disques, parvient à faire beaucoup avec peu. En inscrivant l’histoire de son héroïne dans une étrange école d’art dramatique, le cinéaste se place évidemment dans les pas du Dario Argento de Suspiria.

Malgré un budget que l’on devine minime et des comédiens pour la plupart néophytes, le réalisateur de Tears of Kali parvient à rendre un hommage sincère et inspiré aux classiques du giallo. Un peu de psychanalyse, un peu de sadisme et une intrigue suffisamment minimaliste font le prix d’une œuvre où l’on retrouve le parfum d’un genre aujourd’hui disparu.

 Si la copie proposée sur le Blu-Ray est très nette, on regrettera l’absence totale de suppléments.

 François-Xavier Taboni

[à l’affiche :] COGAN – Andrew Dominik

21 Déc
Une coupe "Nicolas Cage" et un bouc "Simply market", le déguisement de Brad est parfait pour Nouvel an.

Une coupe « Nico Cage » et un bouc « Simply market », le déguisement de Brad est parfait pour Nouvel an.

Ca et là, le film a été entrevu comme un ersatz Coeno-Tarantinien, comme une énième tentative de néo-noir, comme une roublardise inconséquente. Le contexte politique du passage de témoin Bush-Obama est apprécié comme le mouvement artistico-réflexif d’un film de pieds nickelés.

La politique des auteurs est une fumisterie, soit. S’attacher à la continuité du discours d’un cinéaste, c’est un peu « Cahiers » et tellement sixties. Mais L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford aurait dû canaliser l’attention sur la personne d’Andrew Dominik, cinéaste australien trop rare et (peut être) trop théorique.

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[court métrage:] CHECKPOINT – Ruben Amar

2 Déc
A. El Akhal (Suleiman) et A. Rotman

Abdallah El Akal (Suleiman) et Alon Rotman

Onu, Bande de Gaza, Territoires occupés, colonies, abris antiaériens, Fatah, Hamas, Cisjordanie, Netanyahu, Abbas. Quelques mots et quelques images aux JT – séquences floues en noir et blanc de drones, des explosions de débris, des foules qui manifestent, d’autres qui courent se mettre à l’abri -, voilà à peu près la vision médiatique du conflit israélo-palestinien dont tout le monde parle depuis la fin des années 1940, sans avoir beaucoup d’idées du vécu des deux parties. Checkpoint (2011), le court métrage de Ruben Amar, donne un visage humain à la géopolitique. Il raconte une histoire de personnes, d’un vieil homme, d’enfants et de soldats. Pour le cinéaste, le checkpoint n’est pas un barrage absolu, c’est aussi un lieu de passage et donc un point de rencontre possible entre deux entités pourtant en guerre.

Suleiman, un enfant de 11 ans, se présente à un contrôle avec une arme, en fait un jouet. Il espère se faire arrêter et atterrir en prison : tous ceux qui sont emprisonnés par les Israéliens reçoivent un peu d’argent de Gaza (l’équivalent de 160€). Suleiman veut aider son vieux père, sortir de la misère et d’une certaine manière faire quelque chose de sa jeune existence, qu’aucun avenir n’attend. Le soldat qui l’interpelle décide de le ramener dans son village, Raja.

Dans ces collines désertiques brûlées de soleil, Suleiman vit un conflit larvé, une sorte de guerre de position qui immobilise la vie des habitants : difficile de se déplacer, d’espérer, de faire de projets. Tout le quotidien tourne autour de la situation dans la zone. A leur checkpoint, les deux soldats israéliens semblent tout aussi perdus, coincés sur ces quelques mètres de route, d’ailleurs déserte, qu’ils doivent surveiller. Suleiman et le militaire qui le raccompagne sont, chacun à leur manière, ballotés par les événements. Et le danger vient souvent du ciel.

Checkpoint mène une belle carrière dans les festivals du monde entier. Pour le visionner, c’est ici.

F.M.

[augenblick :] DREILEBEN – La trilogie

19 Nov

Christoph Hochhäusler au Festival Augenblick

Christian Petzold, Dominik Graf et Christoph Hochhäusler, trois réalisateurs à l’origine de l’école de Berlin, incarnent le renouveau du cinéma d’outre-Rhin. Une dynamique que l’on compare souvent à ce que fut, à la fin des années 1950, la Nouvelle vague française. Le trio a créé, en 2011, la trilogie Dreileben sur un postulat : raconter, chacun dans son style, un même fait divers, à savoir la traque d’un évadé accusé de meurtre, et recherché autour d’une petite ville de Thuringe.

Christoph Hochhäusler, présent lors de la diffusion des trois films dans le cadre du Festival Augenblick à Strasbourg en a détaillé la genèse : « Nous discutions déjà beaucoup de notre vision du cinéma par courriels. Un jour, nous nous sommes demandés si nous ne pouvions pas poursuivre cette recherche dans le cadre d’un projet cinématographique. Truffaut disait : La meilleure critique de film consiste à réaliser un film qui critique tous les autres. Chaque film de la trilogie partage un lien, un lieu, des personnages. Ils se répondent en écho ».

D’un point de vue formel, les trois cinéastes partagent une même esthétique : des tournages en extérieurs, des prises de son ambiantes, une lumière naturelle, la recherche de cadres simples et signifiants. Chacun garde pourtant son style propre.

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[agitation :] ISOLE – Stefano Chiantini

15 Nov

Asia Argento (Martina)

Présenté dans la section Panorama du 35e Festival du Film Italien de Villerupt, Isole (Les Iles) raconte comment Ivan, un immigré clandestin albanais, se prend d’amitié pour un vieux curé impotent et tombe amoureux de Martina, une femme plongée dans un mutisme absolu.

Depuis quelques années, l’Italie s’interroge avec constance sur sa relation à l’Autre. Dans la presse transalpine, Stefano Chiantini explique ce phénomène : « En Italie, je le dis en le regrettant, il y a un rejet de l’Autre, de la différence, par ignorance, par méfiance. Nous vivons une situation sociale et économique très difficile. Celui qui est étranger à une communauté, à une famille, est considéré comme suspect, parce qu’il pourrait modifier l’équilibre existant » (Corriere della Sera, 16 septembre 2011). C’est tout cela qui transparaît dans Isole, tourné en 2011.

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[agitation:] 35e FFIV – Le palmarès

12 Nov

Le 35e Festival du film italien de Villerupt (54) s’est clos ce week-end, livrant un palmarès qui a privilégié tous les genres. Les précieux Amilcar, trophées sculptés d’après une œuvre de l’artiste Amilcar Zannoni, sont venus récompenser des films souvent engagés.

Romanzo di una strage, de Marco Tullio Giordana, titré Piazza Fontana en France et actuellement en salles, a ainsi reçu le Prix de la presse. Le cinéaste revient sur l’attentat qui a inauguré, en 1969, les années de plomb en Italie. Le 12 décembre, une bombe explose à la Banque Nationale de l’Agriculture à Milan, faisant 17 morts et 88 blessés. A ce jour, aucun des auteurs n’a été confondu devant la justice. En s’inscrivant dans la lignée des films citoyens de Francesco Rosi (La Trêve (1997)) et de Giuseppe Ferrara (Roma nuda (2011)), Marco Tullio Giordana s’attarde sur l’ambiance d’une époque. L’Italie, en pleine guerre froide, est un terrain de confrontation entre la CIA, les communistes et des loges franc-maçonnes politisées, comme la tristement célèbre Loge P2. C’est tout cela qui transparaît dans le drame de Giordana, qui reste profondément humain.

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Journal d’un CUTien au FEFFS (saison 5, ép.2)

17 Sep

On a retrouvé Nathalie Kosciusko-Morizet.

Deuxième jour, et deuxième film à sketchs segmenté en trois parties. Après Fourth Dimension, c’est au tour de Kim Jee-Woon et Yim Pil-Sung de proposer leur compilation, ciblée sur la fin du monde et intitulée Doomsday Book.

Kim Jee Woon, fort du succès du très putassier J’ai rencontré le diable, déplace les foules et intrigue les cinéphiles. L’anthologie présente toutefois les défauts propres à son format. Le premier segment est drôle mais bâclé. Le second propose un récit très intrigant mais s’avère verbeux et fondamentalement non cinématographique. Le troisième est une farce négligeable. Le tout est franchement insatisfaisant. On notera toutefois la présence au casting de Bong Joon-Ho, cinéaste brillant qui aurait mérité de rester de l’autre côté de la caméra pour stimuler quelque peu le projet.

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