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Les dilettantes (épisode 13/28)

29 Juil

/// Pendant un peu plus d’un an, Guérine Regnaut et Romain Sublon se sont prêtés au jeu de la correspondance cinéphile. Un film, un échange. L’un propose, l’autre répond… é basta!  ///

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Les dilettantes (épisode 11/28)

15 Juil

/// Pendant un peu plus d’un an, Guérine Regnaut et Romain Sublon se sont prêtés au jeu de la correspondance cinéphile. Un film, un échange. L’un propose, l’autre répond… é basta!  ///

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Les dilettantes (épisode 9/28)

1 Juil

/// Pendant un peu plus d’un an, Guérine Regnaut et Romain Sublon se sont prêtés au jeu de la correspondance cinéphile. Un film, un échange. L’un propose, l’autre répond… é basta!  ///

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Les dilettantes (épisode 3/28)

20 Mai

/// Pendant un peu plus d’un an, Guérine Regnaut et Romain Sublon se sont prêtés au jeu de la correspondance cinéphile. Un film, un échange. L’un propose, l’autre répond… é basta!  ///

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Ces films dont on ne vous parle pas (épisode 20)

22 Nov

// THE WAY OF THE GUN – Christopher McQuarrie //

Fumer tue.

Christopher McQuarrie est le grand talent caché de Usual Suspects. Bryan Singer a souvent prouvé qu’il n’était qu’un artisan appliqué. Aucune de ses œuvres n’a pu permettre de confirmer le coup d’éclat, le diamant brut de 1995. L’histoire du boiteux, on la doit donc à McQuarrie, scénariste méconnu qui ne s’est pas montré très prolixe depuis. Pourtant, lorsqu’il prend le parti de travailler en solo, il confirme son talent de brillant conteur. The Way of the gun, son premier et jusque là unique long métrage, est écrit et mis en scène en 2000.

Ryan Philippe et Benicio Del Toro, truands nihilistes, enlèvent une mère porteuse en espérant obtenir une rançon conséquente des futurs parents. Il se trouve que le père présumé n’est pas un personnage fréquentable, et qu‘il n‘a pas le tiroir-caisse facile.

Au sortir des années 2000, le polar post moderne est lancé. Shane Black, Tarantino sont passés par là. La vanne domine, la distance est de rigueur. En premier lieu, McQuarrie ne déroge pas aux nouvelles règles. Le film s’ouvre sur une scène grotesque et géniale à la fois. Et puis, au fil du récit, la potacherie prend le large. Les personnages gagnent en épaisseur.

McQuarrie cinéaste manque souvent de précision, rate quelques effets. Malgré une excellente partition de Joe Kraemer, certaines scènes n’exploitent pas totalement leur potentiel dramatique. Mais le scénariste prend le dessus. Il s’emploie à tisser des liens entre les personnages, à étoffer le récit. Il pose des enjeux clairs, pour qu’aucune figure n’agisse gratuitement. En esquivant le côté no future des protagonistes, le film gagne en classicisme. On sort les vieilles gueules du genre, comme James Caan ou Geoffrey Lewis. Et entre deux coups de shotgun, on impose un postulat tragédien.

Le film se termine dans un bain de sang dans un bordel mexicain. Il évoque Peckinpah, et Rolling Thunder. Il prend ses distances avec les petits génies du polar ricain des années 90.

Si ce premier film est resté un coup isolé, que son auteur n’a pas récidivé, c’est sans doute parce qu‘il apparait anachronique. The Way of the gun n’a pas grand chose de fun ou de sexy. McQuarrie aurait peut être gagné à poursuivre dans le ton de sa scène d’ouverture. En amateur de grand polar classique, je ne peux que le remercier de s’en être abstenu.

Greg Lauert

A savoir : Christopher McQuarrie a signé récemment l’adaptation américaine d’Anthony Zimmer de Jérome Salle, qui sera mis en scène par Florian Henckel Von Donnersmarck.

THE WAY OF THE GUN // Christopher McQuarrie // 2000 // 119 minutes // 1.85 : 1 // Avec Ryan Philippe, Benicio Del Toro, Juliette Lewis, James Caan, Geoffrey Lewis.

[dvd :] COFFRET FATIH AKIN

8 Sep

ed. Pyramide vidéo

Sa superbe petite amie a décidé de s’installer en Chine, malheureusement pour lui le pauvre Zinos est coincé  à Hambourg à cause de son restaurant en presque faillite, le Soul Kitchen. Jusqu’à ce qu’un fabuleux cuisinier fou à lier et une programmation musicale pêchue changent la donne : Zinos pense alors pouvoir confier la gérance de son affaire renflouée à son frère tout juste sorti de prison et sauter dans un avion pour rejoindre sa dulcinée. Bien sûr, rien ne se passe comme prévu…

À sa sortie en salle en France, Soul Kitchen a un peu surpris : Fatih Akin, le réalisateur germano-turc des beaux, mais graves Head on et De l’autre côté (sans oublier son formidable documentaire musical Crossing the bridge : the sound of Istanbul), ce sérieux homme-là donc, s’était lancé dans la comédie. Ça alors ! L’édition simple du DVD Soul Kitchen, doublée d’une édition en coffret complétée par les trois premiers longs métrages (inédits chez nous) d’Akin arrive à point nommé pour remettre les pendules à l’heure : après avoir vu ceux-ci, on ne s’étonne plus de ce « soudain » virage humoristique. Le rire se tenait là, embusqué, depuis le début.

Évidemment, tout n’est pas fait pour qu’on se tape sur les cuisses ou qu’on se fasse dessous, mais on sourit souvent et à l’occasion on rigole franchement, même dans les récits plus durs. Le premier film de Fatih Akin, L’engrenage, est ainsi une histoire d’amitié à la vie à la mort entre trois copains –d’origines turque, grecque et serbe- qui glandent à Hambourg et vivent de petites combines. Jusqu’au grain de sable. Adam Bousdoukos, qui tient le rôle principal dans Soul Kitchen, fait là ses débuts sur grand écran sous la direction de son pote d’enfance –certaines des situations viennent d’ailleurs de leurs souvenirs communs. Dans le commentaire audio du film, le réalisateur explique l’influence qu’a eu sur lui le Mean Streets de Scorsese et on y pense effectivement beaucoup, mais la fraîcheur avec laquelle tout le projet est conduit évite le côté plombant d’une telle référence.

Le film suivant, Julie en juillet, une comédie romantique, bénéficie de la même fraîcheur, mais à force d’expérimentations formelles, il est aussi parfois à la limite de se casser la figure, de provoquer l’embarras –une scène de fumette en particulier… Ceci dit le côté road movie emporte le morceau et rend l’expérience très plaisante. L’histoire ? Julie, une vendeuse de rue, est amoureuse de Daniel, un prof de math dépassé. Elle l’aborde et lui fait acheter une bague ornée d’un soleil, lui assurant que l’astre lui permettra de rencontrer le grand amour –elle, pense-t-elle. Mais suite à un concours de circonstances, Daniel se met en tête que sa promise est une jeune femme hébergée le temps d’une nuit et dont il sait seulement qu’elle sera quelques jours plus tard sous tel pont d’Istanbul. Commence alors un voyage semé d’embûches en compagnie de Julie à travers les routes et les ports européens. Le commentaire audio est là particulièrement intéressant, notamment sur les repérages géographiques, les trouvailles et expérimentations qui ont abouti à Julie en Juillet.

Le dernier film du coffret, Solino, peut faire songer à un Il était une fois en Amérique en plus modeste. Une famille Italienne vient s’installer à Hambourg dans les années 60, papa ne sait pas comment gagner sa croûte alors maman a l’idée d’ouvrir une pizzeria –la première à cette époque-là-, et les deux fils aident en salle. Le plus jeune, lumineux, se passionne pour la photographie puis le cinéma, l’aîné, plus sombre, menteur, voleur et jaloux, réussit à ne pas devenir une caricature de méchant (et pourtant il n’en rate pas une), seulement un personnage tragique auquel la fin du film, une trentaine d’années plus tard, apportera ou non la rédemption. C’est une bien belle fresque familiale, pleine de nuances, d’ellipses bienvenues, de rires et de vie…

Dans aucun de ces quatre films, Fatih Akin n’évite les clichés propres au genre qu’il aborde, mais à chaque fois il transcende et étoffe ce qui chez d’autres vire généralement à la faute de goût. Son talent de conteur, son art du casting et des choix musicaux idoines, son efficacité cinématographique, sa cinéphilie populaire, son sens du montage (je l’avoue, je suis un peu fan), ses thèmes de prédilection tels la fratrie –de sang, de cœur- ou l’immigration, ses comédiens récurrents (Moritz Bleibtreu, Adam Bousdoukos, Birol Ünel, Mehmet Kurtulus) : tout ça fait qu’on ne se sent normalement pas floué lorsqu’on s’installe devant un de ses films, mineur ou majeur. Ce coffret est donc une TRES bonne idée.

Jenny Ulrich

Ces films dont on ne vous parle pas (épisode 1)

12 Juil

// SEXY BEAST – Jonathan Glazer //

La scène du miroir, pour la première fois au cinéma.

Jusque-là, il était Gandhi ou Itzhak Stern. Depuis Sexy Beast, Sir Ben Kingsley est Don Logan, gangster étriqué, nerveux et cinglé, venu pourrir la retraite espagnole de Ray Winstone. Certains rôles redéfinissent ainsi un comédien. Depuis 2000, le grand acteur de répertoire est donc employé par les jeunes cinéastes comme un génial cabotin.

A l’origine de ce projet et de ce changement, on trouve un scénario très classique de Louis Mellis et David Scinto. Un truand retiré des voitures se voit proposer de replonger dans le grand bain. Ira, ira pas ? Jonathan Glazer, clippeur et pubard renommé, se fout bien du destin de son personnage. Le cinéma anglais en a charrié du truand repenti, de la Rédemption avortée, des coffres percés à l’insu de tous.

Alors, dès la scène d’ouverture de son Sexy Beast, le réalisateur rend son cahier des charges. S’il met bien en scène des gangsters londoniens, Glazer en réfute l’austérité et se jouera des conventions. Le soleil vient brûler ces corps décadents, ces quadras bedonnants et satisfaits, dans une première scène outrageusement parodique. Un rocher vient exploser la piscine : premier caillou dans le soulier, pour annoncer le perturbateur Kingsley / Logan. Le reste ne sera que ridicule sublime et surenchère jouissive.

Jonathan Glazer accompagne son casting dans un vaste délire. Le cinéaste en herbe s’amuse de chaque plan, use de ses arguments de superstar du clip (on lui doit notamment Karma Police de Radiohead). Il aurait tort de se priver. Le scénario est carré, et devant la caméra, il bénéficie d’un trio sublimement charismatique : Winstone, impeccable décadent, Ian Mc Shane, qui se révèlera plus tard dans la série Deadwood, et Kingsley, toujours Kingsley. Kingsley, dont on ne se lassera pas de reprendre les répliques cultes, comme ce monologue sur le bronzage de Gal.

Sexy Beast est donc un détournement, un polar expatrié, mélancolique et violent. Dès que les personnages remettent le pied sur le sol britanique, le film perd une part de son impact. La dernière demi heure déçoit. Des truands dans le smog, on s’en fout un peu. Mais Winstone, le corps huilé, lascif et débauché au bord de sa piscine espagnole, brisé par le cockney slang de Don Logan, on en redemande.

Greg Lauert

A savoir : David Scinto et Louis Mellis, scénaristes de Sexy Beast, ont signé un autre film, 44 inch chest, sorti sur les écrans anglais en 2009. Il s’agit encore une fois d’un polar, avec Ray Winstone et Ian Mc Shane, mais également John Hurt et Tom Wilkinson.

Fiche technique : SEXY BEAST de Jonathan Glazer // 2000 // 85 minutes // Format 2.35 : 1 // Avec Ray Winstone, Ben Kingsley, Ian McShane, Amanda Redman, Cavan Kendall, Julianne White.

Le Président (1961) / Président (2006)

3 Mai

president

Le cinéma français est réputé pour sa frilosité en matière de politique-fiction. Mais, au moins deux œuvres font exceptions. Le Président, d’Henri Verneuil (1961), et Président de Lionel Delplanque (2006). La séparation chronologique des deux films homonymes fait contraster deux perceptions du pouvoir.

Dans Le Président de 1961, Henri Verneuil et Michel Audiard font preuve de clairvoyance sur la situation politique des décennies qui suivront. Le film montre un chef de gouvernement au cœur du désenchantement de la construction européenne après le rejet par la France de l’Europe politique (non-ratification de la Communauté Européenne de Défense en 1954) et la ratification du traité de Rome. Le président du Conseil (équivalent du 1er Ministre sous la Vème République ) est incarné par Jean Gabin, personnage idéalisé, sage, habité par l’intérêt général au-delà même de l’intérêt national. Il a vécu la guerre et s’apprête, avec son gouvernement, à proposer un projet de loi ambitieux pour l‘Europe. Face à lui, l’instabilité de la IVème République est utilisée par un opposant (Bernard Blier) afin de faire passer un autre texte en totale complaisance avec les groupes de pression. Dans un monologue, Jean Gabin dénonce une situation incroyablement proche des analyses politiques contemporaines. Une éloquence qui flirte avec la démagogie mais qui a le mérite de donner un coup de pied dans la fourmilière. Verneuil met en scène un fantasme de « philosophe roi » qui, dans une explosion oratoire, dit merde à toute une assemblée déchainée, « Il est fou, c’est un suicide! Non, c’est un adieu. »

Autre époque, autre vision dans le Président de 2006 où l‘ambition est ailleurs que dans le développement du contexte politique. Tout d’abord dans la réalisation travaillée de manière efficace et dynamique; fait suffisamment rare dans le cinéma français pour être signalé. En suite, dans la personnalité du président et les relations qui le lient à sa famille, ses collaborateurs et au peuple. Dans tous les cas, la manipulation est prédominante. Le personnage de Dupontel s‘amuse par exemple à répéter le même propos de stimulation managériale lorsqu‘il est en aparté avec un collaborateur; « Tu n’es pas le meilleur, tu es le seul. ». Delplanque met à nu le pouvoir tel qu’il le voit. Une gestion des affaires par les coups véreux et la realpolitik.

Au final, « La politique a sa source dans la perversité plus que dans la grandeur de l’esprit humain ». C’est face à cette formule de Voltaire que les deux présidents se distinguent. Celui de Verneuil la rejette, celui de Delplanque l’accepte. Syndrome d’une époque peut être.

Julien Bartoletti