[dvd :] LES CŒURS DU MONDE – D.W. Griffith

24 Mar

ed. Bach Films

Évidemment, à force de lire les hommages élogieux faits par des cinéastes imposants (Welles, Hitchcock) sur D.W. -« le père de la grammaire cinématographique »- Griffith, j’ai sauté sur l’occasion de chroniquer cette édition des Cœurs du monde quand elle s’est présentée. Bon, bien sûr il aurait peut-être été plus pertinent de commencer avec ses films les plus importants, tels Naissance d’une nation ou Intolérance. Mais Les cœurs du monde, pourquoi pas.

Tourné juste après Naissance d’une nation et Intolérance, Les cœurs du monde est, à la base, un film de propagande commandé à Griffith pour sensibiliser le public Américain à la guerre qui se déroule alors en Europe. Nous sommes en 1918, la Première Guerre Mondiale est sur le point de s’achever, l’objet premier du projet est donc obsolète au moment de sa sortie en salle. Mais comme il s’agit d’un vrai film avec une petite histoire –d’amour- liée à la grande –la guerre-, presque un siècle plus tard ça fonctionne néanmoins toujours.

Les scènes de guerre, très réalistes, ont en partie été tournées sur le terrain en France et en Angleterre –il y a même quelques éléments purement documentaires. Elles arrivent après une longue introduction où nous faisons connaissance avec plusieurs personnages dont on retiendra principalement le couple formé par Lilian Gish et Robert Harron : ces deux amoureux sont sur le point de se marier quand la guerre éclate et les sépare… Pourront-ils convoler en juste noce ?… Mais le personnage vraiment étonnant de cette histoire, c’est la jeune fille interprétée par Dorothy Gish qui aimerait elle aussi mettre le grappin sur le jeune homme qu’incarne Harron : il faut la voir le draguer de manière éhonté, avec force mimiques obscènes ! Très très drôle… Heureusement, parce que pour le reste, avec tout le respect qu’on doit à un homme si respecté par des gens tout à fait respectables eux-mêmes (où en suis-je ? ah oui) : heureusement, parce ce que pour le reste, il y a tout de même quelques longueurs. Mais peut-être aussi est-ce la faute du pianiste qui martèle pendant presque deux heures, ALLEGRO FORTISSIMO, un mélange récurrent de Marseillaise et de Auprès de ma blonde qu’il fait bon, fait bon… C’est approprié, mais à la longue ça fatigue.

Griffith, qui avait déjà travaillé avec elles –il les a d’ailleurs fait débuter en 1912- réunira une dernière fois les sœurs Gish en 1921 dans Les deux orphelines qui marque la fin de la foisonnante collaboration entre Lilian et son Monsieur Griffith : ils auront tourné quatorze films ensemble. Le bon vieux temps… (Ça s’est ensuite gâté pour tous les deux avec l’arrivée du cinéma parlant et le système des gros studios hollywoodiens ; même si elle s’en est mieux, plus durablement, sorti que lui).

En supplément sur ce dvd (qui appartient, c’est à signaler, à une collection consacrée par Bach Films à David Wark Griffith) il y a un court métrage amusant et bien foutu réalisé par D.W.G. en 1911 et puis il y a également une contextualisation intéressante des Cœurs du monde par Patrick Brion.

Jenny Ulrich

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