DVD Ab-normal beauty (d’Oxide Pang)

9 Mar

(Ed. Pathé/Fox/Europa)
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Photo : Hong Kong Cinemagie)

En fouillant dans les magasins d’occase, en quête de films manquant à ma culture, de nanars incontournables (Décadence forever), de chef d’œuvres trop prises de tête (L’Echelle de Jacob, pfff…) et de surprises (parfois bonnes) inédites en salles, je suis tombé sur Ab-normal beauty

Le film parle de Jiney, jeune étudiante en manque d’amour parental (la mère est souvent absente, le père est inexistant) qui a trouvé refuge dans l’art de la photo. Malgré sa brillante réputation dans ce domaine, Jiney trouve ses photos trop conventionnelles et ennuyeuses, et elle est constamment à la recherche de résultats plus fidèles à ses ambitions. Et boum badaboum, tout bascule le jour où elle est témoin d’un accident de voiture. Le corps de la victime expulsé du véhicule, Jiney ne peut s’empêcher de s’emparer de son appareil photo, de cadrer le corps et de faire click ! Développée, la photo lui plait vraiment. Sous le regard inquiet de sa meilleure amie, Jiney trouve dans l’art de la mort ce qui manquait à ses anciennes photos, mais cette fascination morbide va réveiller en elle quelques vieux démons et attirera l’attention d’un menaçant et anonyme personnage de son entourage, lui aussi intéressé par l’art de la mort, mais sous une autre forme…

Inédit dans nos salles françaises, on pourrait peut-être attendre une approche intéressante du rapport entre l’art et la mort dans le film d’Oxide Pang (frère de Danny Pang, tous deux réalisateurs de The Eye), mais dans cette réflexion, Ab-normal beauty ne va pas très loin. Se souciant plus de l’aspect visuel que du scénario de son film, Pang offre une œuvre aveuglante par son esthétisme marquant (les couleurs sont d’une intensité rare), plutôt qu’un film dont l’intensité visuelle s’harmoniserait un peu plus avec le fond de son histoire.

Malgré ce vilain défaut, le film a le mérite de nous faire suivre un personnage intéressant : Jiney, fille issue d’un milieu plutôt aisé, qui, en plus d’être d’une beauté à faire pleurer les plus insensibles, possède un talent reconnu pour la photo, a une mère qui lui laisse la baraque en toute confiance pour des semaines en lui versant de l’argent sur son compte, etc. Des détails qui rendent sa meilleure amie jalouse, mais dont Jiney n’en tire aucun plaisir. Cachant en elle une expérience traumatisante de son enfance dont elle n’a jamais osé faire part à qui que ce soit, même pas à sa mère, Jiney se renferme sur elle-même et dans les pensées et les images les plus sombres et malsaines que l’humain puisse aborder dans son esprit.

L’aspect psychologique du film est malheureusement peu à peu balayée pour laisser place à un film d’horreur abordant le snuff movie (gentiment, on n’est pas dans Guinea Pig) de manière superficielle (aucun questionnement par rapport à cette forme, juste un prétexte pour souligner que le personnage de Jiney ne fait pas mieux avec ses photos, et qui nous rappel à quel point le Tesis d’Alejandro Amenabar est incontournable en termes de thriller psychologique et d’interrogations sur notre voyeurisme et notre rapport avec les images), mais offre tout de même un joli petit twist qui vaut le coup d’œil.

Malgré l’enthousiasme certain et passionnant de Jean-Pierre Dionnet dans la présentation du film incluse dans le dvd, pour ma part, Ab-normal beauty reste une tentative sympathique, qui manque de « viscéralité », mais qui a le mérite de posséder une mise en scène ultra-soignée qui ajoute une beauté mystérieuse à son ambiance pourtant glauque.

(Sei mong se jun, 2004, 1h40mn, int-12ans, hong-kongais)

Rock Brenner

2 Réponses to “DVD Ab-normal beauty (d’Oxide Pang)”

  1. Antonin jeudi 27 mars 2008 à 190734 #

    Trop prise de tête, « L’échelle de Jacob » ?

  2. rock vendredi 28 mars 2008 à 200848 #

    Oï Antonin !
    Apparemment, t’as eu la chance de capter « L’échelle de Jacob » dès le premier visionnage. Ça n’a pas été mon cas, malheureusement (j’ai eu besoin de le voir au moins 2 ou 3 fois). Donc oui, film « prise de tête » (mais ce n’est pas péjoratif).

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