[cinéphilie :] Nicolas Saada

27 Jan
espions

Géraldine Pailhas et Guillaume Canet, l'entente parfaite

Nicolas Saada (réalisateur) était à Strasbourg pour présenter Espion(s) (sortie le 28 janvier). D’un absolu classicisme, très respectueux des genres (espionnage, romantique), le premier long métrage de Nicolas Saada, longtemps critique aux Cahiers du cinéma, ne mise pas sur l’esbroufe scénaristique. C’est par son travail sur le hors champ qu’il convainc. Mais nous parlerons plus en détail d’Espion(s) dans la prochaine émission de CUT la radio (en ligne ce samedi).

En attendant, voici les réactions de Nicolas Saada aux films suivants…

The thing

John Carpenter

Je pense que Carpenter est un des cinq ou six plus grands cinéastes vivants, qui n’est d’ailleurs pas reconnu à sa juste valeur. Son statut aujourd’hui est injuste. Je ne comprends pas comment des cinéastes comme Cronenberg et Tarantino sont aujourd’hui à ce point reconnus et comment un type comme Carpenter n’a pas sa place dans l’institution. C’est plus que jamais un Maverick, un Johnny Cash du cinéma. J’ai eu la chance de le rencontrer et je le connais un peu. Quand je pense à lui, je suis toujours un peu triste et révolté. The thing est l’un des films les plus tendus et malins du cinéma. Parce qu’il fait des pics de spectaculaire pour, par la suite, construire des scènes de suspense sur rien. Il met le paquet sur un effet spécial et après il vous fait flipper 30 minutes avec deux fils électriques et un peu de sang. Ce que j’aime chez John, c’est comment il dose la mise en scène. En cela, j’ai été influencé par lui.

Ne le dis à personne

Guillaume Canet

J’aime bien Ne le dis à personne. Parce que c’est l’histoire de quelqu’un qui veut raconter quelque chose à travers autre chose. Et qui y arrive. Ce que je retiens plutôt du film, c’est son style. Comment Guillaume construit le film sur ces moments de vide. On quitte le film pour atteindre des sensations pures et à la limite, ça nous suffit amplement ! Et j’aime quand ce film sort un peu de sa narration. Et puis, il m’impressionne par son audace physique. Y’a un truc de sportif dans le cinéma de Guillaume qui m’épate un peu.

Les patriotes

Éric Rochant

Je l’ai vu à Cannes en 1994 et j’avais adoré le film. Il m’avait bluffé. Je l’ai revu très souvent depuis. C’était un film incompris, injustement boudé par la critique à sa sortie. Et aujourd’hui, ce film est érigé en référence. C’est un film qui parle merveilleusement de l’espionnage comme recherche introvertie sur soi et non pas comme enjeu simplement politique. Ce qui est très beau dans le film c’est sa façon de parler d’Israël : de son rêve, de son désir, de sa douleur car le film est très honnête là-dessus. Et à titre personnel, ce film m’a profondément touché.

Les enchaînés

Alfred Hitchcock

Je l’ai vu assez jeune. Ca a été l’une des bases de mon film, Espion(s). Je l’ai beaucoup revu. Je trouvais que Cary Grant était extrêmement cruel avec Ingrid Bergman alors que c’est quand même lui qui l’a poussée à épouser Claude Rains alors qu’elle ne l’avait pas demandé. Il lui en veut presque d’avoir accepté la mission, alors que l’objet de sa mission au Brésil, c’est qu’elle l’épouse. Et je me suis demandé : que ce serait-il passé si Cary Grant était arrivé au Brésil pour sa mission et que Bergman était déjà mariée à Claude Rains. C’est là que j’ai commencé à tirer le fil d’une autre hypothèse et que j’ai construit Espion(s) comme une variation personnelle de ce point précis des Enchaînés.

Propos recueillis par Romain Sublon

Une Réponse to “[cinéphilie :] Nicolas Saada”

  1. rikedenimes mercredi 18 février 2009 à 10147 #

    Géraldine PAILHAS a un faux air de « Zazie » par moment dans ses films. Lors d’un reportage au festival de Marrakech (édition 2008), j’ai rencontré un réalisateur Marocain Hassane DAHANI, et je suis entrain d’écrire un synopsis pour lui,…dont le rôle principale, serait confié à Géraldine l’héroïne d’ESPION(S).

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