[cinéphilie :] Romain Goupil

9 Juin

Le club des cinq.

Racontant l’histoire d’une bande d’élèves de CM2 se cassant la tête pour sauver une camarade de classe Tchétchène menacée d’expulsion, Les mains en l’air, le nouveau film de Romain Goupil (sortie le 9 juin), surprend. Peut-être à tort, on attend Romain Goupil sur le terrain du militantisme, de l’engagement politique en mode frontal. Et puis, déboule ce conte pour, sur et avec les enfants. Un conte utile, dont la bienveillance est salutaire. Un conte utopique, aussi, surtout. Voilà un film à la croisée des chemins, entre résistance et rêvasserie. Bien sûr, Romain Goupil ne déserte pas ses champs d’action (il est ici question de sans-papiers, de famille, de potes, de solidarité, d’abandon, de désir), simplement, il les explore avec d’autres outils. On l’a dit, on le répète, Les mains en l’air surprend. Et agace au détour d’une scène d’interrogatoire grossière qui manque de tout faire s’écrouler. Un film fragile signé par le costaud Goupil.

Nous parlerons de Les mains en l’air dans la prochaine émission de Cutlaradio (en ligne le samedi 17 juin). En attendant, Romain Goupil nous livre ses souvenirs et/ou impressions des films suivants.

LE PETIT FUGITIF (Maurice Engel)

C’est le film que François Truffaut désigne comme celui étant à l’origine de la Nouvelle vague. Dans Le petit fugitif, la caméra est portée à hauteur d’enfant. Et puis il y a l’insouciance de ce petit garçon, qui est soumis à tous les dangers de la ville de New-York. Ce gamin s’adresse à tout le monde sans conscience des risques. Il est libre. Et c’est vrai que cette liberté, et aussi les thématiques du film, m’ont inspirées pour Les mains en l’air. Ca rejoint ce que j’espérais faire.

BARRY LINDON (Stanley Kubrick)

Sur Barry Lindon, c’est une fois de plus la précision de Kubrick qui me fascine. Son souci du détail, sur tout, tout le temps ! Chez Kubrick, tout est construit autour de son perfectionnisme absolu. Ce qui n’est pas mon cas ; je suis plus dans un soucis de tranquillité, de légèreté. Au cinéma, si on est perfectionniste, c’est une pathologie. Car c’est impossible d’accéder à cette perfection. Je reconnais le talent de Kubrick, mais je ne l’envie pas. C’est trop de souffrances. Je ne me reconnais pas dans ce cinéma. Je me sens plus près de ses premiers films, comme l’Ultime razzia ou Docteur Folamour. Maintenant, c’est un immense réalisateur. Plus encore, c’est un immense créateur.

ENTRE LES MURS (Laurent Cantet)

Entre les murs et mon film sont construits très différemment. On peut retrouver dans certains personnages une rage commune. Mais ce n’est pas le même âge. Entre les murs, c’est fin du collège. Nous, c’est fin de primaire. Et puis, il n’y a pas les mêmes principes d’action. Dans Entre les murs, c’est clairement un scénario descriptif. La structure de la narration ne repose pas réellement sur l’action. Dans Les mains en l’air, c’est vraiment ça ; comment les gamins vont réagir pour sauver leur camarade.

LES 400 COUPS (François Truffaut)

Je me retrouve dans Les 400 coups où Truffaut raconte ce désir de cinéma. Je me sens en totale complicité avec ce film, le quartier, l’école, les professeurs. Et j’ai partagé la révolte du personnage de Léaud. (NDLR : La soufflerie de l’hôtel, où a eu lieu l’enregistrement, s’est alors déclenchée – rendant la retranscription de cette fin d’entretien impossible.)

Propos recueillis par Romain Sublon

Une Réponse to “[cinéphilie :] Romain Goupil”

  1. Reda jeudi 10 juin 2010 à 170532 #

    J’attends le prochain film de Goupil sur les petits enfants réfugiés irakiens.

    http://www.ina.fr/ardisson/tout-le-monde-en-parle/video/I09242432/interview-romain-goupil.fr.html

    (on pourra alors voir s’il est digne de Kubrick dans la pathologie)

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